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Retour Publié le 30 mai 2022

Inflation et hausse du taux directeur : doit-on craindre une récession?

Essence, nourriture, meubles, etc. : les hausses de prix sont partout et nous affectent tous, individus comme entreprises. Alimentée par la pandémie et la guerre en Ukraine, l’inflation est à son plus haut niveau en plusieurs décennies. Devant ce contexte, plusieurs économistes conviennent que les risques de récession sont à la hausse. Ont-ils raison de s’inquiéter? Si la Banque du Canada ne parvient pas à maintenir l’équilibre dans la hausse des taux d’intérêt, probablement. Laissez-nous vous expliquer pourquoi.

 D’où vient l’inflation actuelle?

Commençons par le commencement.

Avant même de vous expliquer ce qui cause l’inflation actuelle, voyons en quoi consiste l’inflation elle-même. Alors, qu’est-ce que l’inflation?  La Banque du Canada la définit comme étant « une hausse persistante du niveau moyen des prix au fil du temps ».

Celle-ci est calculée à l’aide de l’Indice des prix à la consommation (IPC), lequel est basé sur la variation du coût d’un panier fixe de biens et de services, dont la composition reflète des dépenses ciblées de la population canadienne. En gros, on compare le prix de ce panier fictif à une année X avec celui du même panier à une année Y et on peut ainsi évaluer si l’IPC a changé.

Maintenant que cela est plus clair, parlons de l’inflation que nous connaissons actuellement. Quelles en sont les causes? Pour résumer en quelques mots, on pourrait dire que la demande est plus grande que l’offre.

En ce sens, avec la reprise économique actuelle, les gens recommencent à manger au restaurant, à magasiner, à voyager. Bref, à dépenser! Toutefois, les entreprises peinent à répondre à la rapide augmentation de la demande en raison des perturbations que la pandémie et la guerre en Ukraine ont causé dans les chaînes d’approvisionnement.

De plus, les importations de partout dans le monde ayant repris de plus belle, la demande pour le transport maritime de marchandises a augmenté de façon significative et rapide, causant une pénurie de conteneurs, et donc, une hausse des coûts du transport. Cette hausse est aussi accentuée par l’augmentation des coûts de l’énergie, le pétrole notamment.

Tous combinés, ces facteurs ont entraîné la progression rapide des prix que nous connaissons. Pour mieux vous situer, sachez que l’inflation canadienne a atteint 6,8 % en avril dernier.

Quoi faire pour contrôler l’inflation?

 C’est le rôle de la Banque du Canada de contrôler l’inflation. Et c’est en augmentant son taux directeur qu’elle peut parvenir à freiner la hausse de l’IPC.

Ainsi, en avril dernier, la Banque du Canada procédait à une hausse du taux directeur, le faisant passer de 0,5% à 1%, la première hausse d’une telle ampleur en plus de 20 ans. Puis, elle a procédé à une deuxième hausse cette année, le faisant grimper à 1,5% en date du premier juin 2022.

Mais ce n’est pas terminé! À 1,5 %, le taux directeur stimule encore trop l’activité économique… On peut s’attendre à d’autres hausses progressives au cours de l’année. De combien le taux directeur augmentera-t-il? Certains spécialistes s’attendent à ce que ce soit d’au moins deux points de pourcentage, et ce, dans l’objectif de ramener l’inflation à la cible de 2%.

Quel est le lien entre le taux directeur et l’inflation?

Le taux directeur exerce une influence sur les taux d’intérêt utilisés par les banques pour financer les prêts. Ainsi, l’augmentation du taux directeur a pour effet de faire monter les taux hypothécaires et les taux d’emprunt en général, et ce, dans le but de décourager les emprunts et les dépenses.

En incitant, voire forçant, les gens à réduire leurs dépenses, les tensions inflationnistes et la pression sur les chaînes de production s’en trouveront en théorie réduites.

Mais cet effet n’est pas instantané! Il faut prévoir de six mois à deux ans pour vraiment ressentir l’impact concret de ces mesures sur l’inflation… Aïe!

Alors pourquoi ne pas procéder à une hausse importante du taux directeur dès maintenant?

 Car c’est une opération délicate de maintenir l’équilibre! Qu’est-ce qu’on veut dire par « équilibre »? Pour bien l’illustrer, laissez-nous vous décrire les effets du déséquilibre qui surviendrait si…

1- La banque augmentait le taux directeur trop rapidement
Dans le cas d’une hausse trop brusque du taux directeur, les propriétaires de maison (condo, ou autre) pourraient avoir du mal à faire leurs paiements hypothécaires. Ce qui est déjà un problème en soi! De surcroît, cela pourrait les forcer à restreindre leurs achats dans d’autres sphères, affectant ainsi la demande pour ces biens et services, ce qui, ultimement, pourrait causer… une récession!

2- La banque centrale canadienne augmentait le taux directeur trop lentement
D’un autre côté, si la hausse du taux directeur est effectuée trop lentement, l’inflation peut alors demeurer élevée et perdurer bien plus longtemps que prévu. Les prix des biens et services continueront alors de monter, suivis des salaires… amenant de l’eau au moulin de l’inflation en faisant augmenter les coûts des entreprises qui procéderont à des hausses de prix. Et ainsi de suite. Un véritable cercle vicieux, quoi!

À la lumière de ces deux scénarios, vous êtes en mesure de comprendre toute l’importance du maintien du fragile équilibre entre inflation, contrôle de l’IPC et récession.

Ainsi, la Banque du Canada vise actuellement un taux « neutre » théorique se situant autour de 2,5%. Celui-ci permettrait à l’économie de croître sans engendrer d’inflation.

Une récession est-elle la solution à l’inflation?

 Par définition, une récession est tout le contraire de l’inflation. En effet, elle se caractérise par une croissance économique négative pour au moins deux trimestres consécutifs. Elle s’accompagne d’une baisse marquée de la consommation et des investissements qui peut durer quelques mois ou plusieurs années.

Est-ce donc là la solution pour se sortir de cette période inflationniste? 

Non, car une récession cause bien des dommages comme des pertes d’emplois, une hausse du taux de chômage, des faillites, la diminution du niveau de vie et la baisse des investissements. De plus, une récession est incertaine : on ne peut prédire à quoi elle ressemblerait, ni combien de temps elle durera. Bref, rien de souhaitable!

En conclusion, à la lumière de tout ceci, une récession est-elle inévitable? Pas si la Banque du Canada fait bien les choses, c’est-à-dire une hausse en douceur (mais pas trop) du taux directeur qui permettrait de freiner l’inflation, sans freiner la croissance économique. Y parviendra-t-elle? Seul le temps nous le dira…